Être ou paraître? Telle est la question...

 

Vous arrive t-il de vous poser d'abord la question suivante: Qu'est ce que je ressens ? Au lieu de: qu'est ce que j'en pense?

Dans notre société, dans les bancs de l'école, dans la culture en général, il est tabou de sonder les ressentis de chacun.
Ainsi, à l'école, les intelligences logiques , linéaires sont très souvent valorisées ou mises en avant au détriment de certaines intelligences dites non linéaires telles que la créativité , ou l'intelligence émotionnelle.

En effet, on évite de demander à l'élève de parler de ses ressentis, prenons comme exemple: une situation où à la fin d'un devoir littéraire, il est demandé à l'enfant de répondre à une question , à savoir le passage que l'on a préféré dans une œuvre. 

Instinctivement, nous allons y répondre en intellectualisant la réponse afin de ne pas prendre le risque de fâcher l'instructeur ou le correcteur à cause de la peur d' être pénalisé dans nos préférences.

Dans notre éducation, un enfant doit sécher très rapidement ses larmes , renfermer sa colère pour ne pas faire trop de bruits, grandir , être un homme, devenir une femme forte etc.. tous ces diktats nous empêchent de nous découvrir , nous connaître, être à l'écoute de nos "messagers" plus précisément : " nos émotions".

Ces transmetteurs nous guident , nous réveillent , nous protègent, nous émerveillent etc.. mais la société, l'école, la culture  concourent main dans la main à nous empêcher d'accéder à soi en niant ces émotions, ces clignotants émanant  de nos cœurs .

La pensée, l'intellectualisation vient empêcher et saboter nos ressentis si bien que ces pensées deviennent par la force du temps: des fausses croyances, ou quelque fois "une Pensée Unique".

En exemple: On me dit clairement que je suis  nul à l'école car je ne sais que  dessiner. Cette  créativité n'est malheureusement pas valorisée, jugée trop marginale et ne constituant pas un gage de réussite matérielle à l'avenir. 
Cette créativité émane de notre intériorité et n'est pas comprise intellectuellement. Elle est par contre valorisée dans les milieux sociaux privilégiés en raison de leur situation économique confortable. Ils peuvent s'adonner à la sublimation ou l'admiration de l'Art car leur gagne-pain n'est pas compromis. 

Trop ressentir , s'écouter nous pousserait à faire des choix déraisonnables au yeux des gens, l'individualité n'est pas le bienvenu, penser de façon personnelle peut constituer un danger pour l'autre.

Tout ceci nous pousse à prendre des décisions, suivre un processus décisionnel logique en fonction de nos bagages personnels : nos croyances , notre éducation, notre culture.

"Le savoir être" est sacrifié au profit "du savoir faire" pour les autres, si bien qu'on finit par s'éteindre et ne plus savoir qui on est et où on va.

Mais alors que faire? Qui doit-on être? Pour qui? Pourquoi? Autant de questions qui méritent un travail sur soi. Une quête de soi, un voyage intérieur sans fin et passionnant.  
  

                         Nadia Deramchia, le 12/09/2023.